mardi 19 juin 2007

Pourquoi l'anti-américanisme?


À quel moment et pourquoi un individu ou une population deviennent-ils obsédés par le "mal manifeste" d'une autre nation? Il peut y avoir de très bonnes raisons à cela, après tout il est tout à fait normal de détester un ennemi. Pourquoi les Américains n'auraient-ils pas détestés les Soviétiques? Ces derniers se vouant à la destruction du premier... Pourquoi les Vietnamiens n'hairaient-ils pas les Américains? Après avoir reçu toutes ces bombes et avoir eu tant de femmes violées...
Ces cas semblent des évidences et ils le sont, on déteste ce qui pose un danger pour nous ou ce qui nous a fait souffrir.
Mais alors, pourquoi l'anti-américanisme, ou tout autre sentiment obsessif négatif, venant d'une nation envers un allié? Les Canadiens (particulièrement Québécois) ou Français sont plutôt anti-américain et cela bien que l'Amérique n'ait jamais présenté de menace à leur encontre et qu'en plusieurs circonstances le pays honni les a protégés et assistés. À l'encontre, pourquoi se fait-il que les Vitenamiens ne sont plus du tout anti-américain? Pourtant eux ont âprement subis...
Vous me voyez évidemment venir mais mon point n'est pas que de montrer le côté partiellement irrationnel de la haine de l'autre. Il serait en effet plutôt malhonnête de cacher les différentes responsabilités américaines. Il est tout à fait comprenable que les actions américaines causent des réactions négatives. On est parfois victime des action d'une autre nation, que cela soit millitairement ou à d'autres niveaux (commercial, politique ou même culturel). Mais cela n'est pas une raison automatique pour justifier la "haine" de l'autre et encore moins d'en vouloir l'anéantissement ou de trouver en celui-ci la totalité des problèmes du globe.
Mon intuition est plutôt que lorsque l'on se sent dépassé par une situation, que l'on a l'impression de ne rien pouvoir changer, on en vient à se créer un épouvantail: une raison de ses problèmes si ultime que l'on perd toute responsabilité sur son propre malheur. Par définition même, pour qu'une cause soit si implacable, il faut que celle-ci soit d'une grande puissance: il serait plutôt difficile de justifier tous ses malheurs sur le dos de la Guinée Équatoriale... À ce moment, la grande puissance de son "épouvantail" sert alors de justification pour tout problème, l'ennemi ayant les bras si long que ses reponsabilités dans le malheur d'autrui deviennent infinies. Je crois qu'ici nous pourrions faire une comparaison tout à fait justifier entre l'anti-américanisme avec de multiples théories du complot: une simplification de la réalité afin de se créer un monde imaginaire plus sécurisant (car on le comprend) et plus valorisant (car il nous donne un rôle clair: vaincre ou au moins dénoncer l'ennemi).
Le résultat est que les sociétés n'ayant pas l'impression de progresser se crer de tels fantasmes, ce qui n'est pas le cas des nations se sentant sur le chemin du développement.
Ceci à malheureusement un effet pervers; à force de détester l'autre on en oublie de se concentrer sur soi-même et de faire face aux différents maux qui nous animes. Ceux qui sont en nous et qui nous ralentissent réellement. La haine de l'autre amène donc un immobilisme peu souhaitable, en ne se concentrant que sur l'autre on en vient à se pénaliser soi-même.
Savoir reconnaître et réagir au mal commis par un autre est normal et souhaitable mais il ne faut jamais oublier que la solution des problèmes d'un peuple ne se trouve qu'en lui-même.

2 commentaires:

Bonus Beats a dit…

La haine contre les Empires est plus que millénaire. Il s'agit effectivement d'une façon primaire de détourner la cause des problèmes sur les autres, mais bien souvent les géants ont effectivement part aux problèmes des nains. Effectivement les États-Unis n'ont jamais menacé le Québec (du moins pas depuis des siècles!) mais il reste qu'ils ont utilisé leur position de force pour tricher aux règles de l'ONU et étouffer l'industrie du bois-d'oeuvre. Le sentiment antiaméricain se nourrit aussi de l'écart majeur entre les niveaux de vie de certaines populations, par des facteurs idéologiques etc...

Comme tu le souligne, le simple fait d'avoir été victime (comme le cas du Viet-Nâm très approprié en la matière) ne justifie pas la haine, alors que le simple fait de vivre aux franges d'un empire dont ont fait à plusieurs niveaux partie (comme le cas du Québec), peut stimuler un sentiment de jalousie, ou même un complexe de supériorité (ou d'infériorité, à vous de juger).

Le fait que la solution à nos problèmes se trouve en nous est incontestable. mais dans un modèle mondial comprenant des géants tels que les É-U, l'Empire romain en son temps, voir l'Empire ottoman au sien, il est impossible de nier que les intérêts de ces grands joueurs subordonnent les intérêts des petits, ce qui a une tendance à créer, même en leur sein propre, une classe de gens ''défenseurs des opprimés'' qui promouvoit une image négative.

Alors, il est sûr que la solution aux problèmes des petits et moyens joueurs est en eux-mêmes, et que la haine du grand devient une sorte d'obstacle, mais en renversant la perspective on voit que l'image du grand et la haine qui lui est portée constitue son problème propre. Ce qui fait que la solution à la haine, se trouve ici plus dans le détesté lui-même que dans le détesteur, qui au fond ne fait que réagir.

C'est juste une opinion en passant, mais il s'agit d'un excellent sujet de réflexion

Arthur a dit…

Tout à fait d'accord avec toi Gab, le haine dirigée envers l'Empire est le problème de l'Empire et il se doit donc d'y remédier. La solution se trouve en ses actions ou du moins, sa manière de les présenter.

 
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