Cette année sera sans conteste une des meilleurs années du Québec dans le monde de la boxe professionnelle. L'époque est maintenant belle et bien révolue, où tout ce que les amateurs de boxe québécois avait accès était des matchs à saveur locale ou encore de suivre les "exploits" de bandits à la Hilton. Depuis l'arrivée de groupe de boxe sérieux comme Interbox, des boxeurs ont vraiment pu se développer et faire leur place sur l'échiquier international. L'exemple d'Éric Lucas fut certainement aussi très formateur. Le fait d'avoir un champion du monde québécois (chez les 168lbs), a donné un élan incroyable à la boxe locale. Depuis les exploits de notre héros de Ste-Julie, le nombre de club de boxe ainsi que de praticiens a doublé dans la province.
Ce qui nous a permis d'en arriver à une nouvelle génération de boxeurs québécois. Aujourd'hui il existe, au Québec, deux organisations de boxe très sérieuses: GYM et Interbox. Saine compétition permettant une meilleure gestion et visibilité pour la boxe dans la province. Le résultat n'a pas tardé à se faire sentir. Cette année, 5 boxeurs québécois seront impliqués dans un combat de championnat du monde: le 26 mai dernier Sebastien Demers s'est battu en Allemagne, contre Arthur Abraham, pour le championnat des moyens (160lbs). Demers, qui était invaincu à l'époque, n'a malheureusement pas gagné le duel mais aura au moins eu l'occasion, à son jeune âge, de participer à un événement aussi important. Nous pourrons espérer le voir revenir sur la scène internationale en 2008.
Puis au début juillet, ce fut au tour du boxeur invaincu Joachim Alcine de ce battre pour un championnat mondial (154lbs), là aussi à l'étranger, contre le champion Travis Simms. Le combat qui eut lieu au Connecticut fut un succès total pour Alcine, il est maintenant champion et a promis de faire son prochain combat à Montréal. Il est donc le premier champion du monde québécois depuis Éric Lucas et comme ce dernier, un excellent exemple pour la jeunesse. En effet, il boxe mais est aussi travailleur de rue pour la communauté haïtienne de Montréal.
Fin septembre ce sera au tour d'un autre boxeur montréalais talentueux et invaincu de faire le grand saut pour la couronne mondiale. Adrian Diaconu affrontera Chad Dawson, aux États-Unis, pour le championnat du monde des mi-lourds (175lbs). L'épreuve ne devrait cependant pas être facile pour Diaconu. Celui-ci est nettement plus petit que son adversaire américain et n'a ni la rapidité, ni la technique de celui-ci. Notre montréalais aura toute fois l'avantage de la puissance et d'avoir un style compact et explosif. Si la victoire n'est pas assurée, du moins le spectacle risque d'être excellent. Bonne chance Adrian!
À la mi-octobre aura lieu encore un autre combat de championnat du monde mais celui-ci aura lieu à Montréal, au centre Bell, pour la première fois depuis 2002. Le plus prometteur des boxeurs québécois, Lucian Bute, essaiera de ravir la ceinture des super-moyens (168lbs) au champion et dur cogneur Colombien Alejandro Berrio. Bute est grand, rapide, puissant des deux mains, intelligent, s'adapte bien, possède une bonne défensive et est très technique. Il est ce qu'on pourrait appeler un "paquet" complet. Il a tout ce qu'il faut pour non seulement devenir champion du monde mais aussi le faire en laissant sa marque. Sa victoire ne saurait être prise pour acquis mais ça serait vraiment une surprise s'il ne l'emportait pas. Je vais sûrement assister à ce combat, donc je vous en reparlerai bientôt.
Finalement, le cinquième combat de championnat du monde, mettant en scène un québécois, devrait avoir lieu à la fin de l'année (sûrement à New-York). Notre aspirant local, Herman Ngoudjo, essaira de mettre la main sur la ceinture du champion des mi-moyens (140lbs), l'Américain Paul Malignaggi. Ce duel ne devrait pas non-plus être facile, Malignaggi est excessivement rapide et possède une très bonne technique. Heureusement, il n'est pas du tout reconnu pour sa force de frappe. Ngoudjo, quant à lui, est un jeune boxeur avec un excellent cv amateur mais un nombre de combat professionnel assez limité. C'est le genre d'athlète qui monte les marches 4 à 4. Tout comme Alcine, c'est un boxeur sans qualité excessive mais sans défaut non-plus. En souhaitant qu'il réussisse à mettre la main sur le moustique nuisible qu'est Malignaggi.
Voilà donc un petit résumé des 5 combats de championnat du monde dans lesquels des québécois ont ou auront à faire leur preuve en 2007. Impressionnant pour une province aussi peu peuplée. Il n'est donc pas fou de penser que nous aurons deux ou trois champions d'ici 2008. Ça donnera certainement de nouveaux exemples très positifs aux jeunes de la province, ce qui assurera, d'ici à quelques années, un grand nombre de nouvelles recrues qui permettront aux recruteurs professionnels de repêcher les perles rares desquels sont forgés les champions du monde. La machine de la boxe québécoise est bien parti et on ne la voit pas s'arrêter de si tôt.