samedi 22 septembre 2007

Libre-échange avec... l'Europe?


Selon le très sérieux "Journal de Montréal", (désolé pour la source) Jean Charest aurait trouvé l'élément clé afin de redevenir populaire auprès de l'électorat québécois. Cette trouvaille miracle serait, tenez-vous bien, d'amener le Canada à obtenir le libre-échange commercial avec l'Union Européenne.

Cette nouvelle est vraiment la preuve, premièrement, que le "Journal de Mourial" est vraiment une feuille de chou sans valeur mais aussi, deuxièmement, que Jean Charest est carrément à cours d'idée. Commençons donc par régler le cas du mauvais journal, pourquoi les accuser de négligence? Parce que qu'il y est écrit n'importe quoi. L'article écrit par Yves Chartrand, le 22 septembre, annonçait non-seulement cette histoire de libre-échange entre le Canada et l'Europe mais aussi un autre accord de libre-échange: entre le Québec et... l'Ontario! Mais qu'est-ce que c'est que cette blague? Pourquoi aurait-on besoin d'un traité de libre-échange au sein d'un même pays? Il n'y a pas de taxe ou douane entre le Québec et l'Ontario! Pourquoi pas le libre-échange entre Québec et Montréal? Ou entre la Beauce et le Saguenay? Un peu d'esprit critique s'il-vous-plaît. En tout cas, une preuve de plus que le Journal de Mourial vaut pas de la m.... Merci Québécor!

Bon, admettons que cet article ne soit pas qu'une somme d'invention farfelue, qu'il y ait une base réelle (à propos de l'Europe, pas de l'Ontario). Quel serait l'intérêt du Canada et en quoi Charest pourrait-il contribuer à ce type d'arrangement international? L'intérêt du Canada pourrait, au plus, être marginal. L'Europe est un gigantesque bloc économique mais le Canada n'y exporte par grand chose. Selon les dernières données de statistique Canada, les exportations canadiennes vont principalement vers les É-U (82%) et peu vers l'Europe (7 à 8%). L'Europe n'est donc pas l'incroyable partenaire économique que l'on s'attendrait. Évidemment, un libre-échange serait peut-être un moyen de remédier à la situation en augmentant les échanges entre les deux pays. Ça reste à voir mais l'idée n'est, de toute façon, pas mauvaise.

Le tout semble un peu moins évident lorsqu'on regarde du côté du rôle de Charest. Notre premier ministre a certainement de très bonnes intentions mais il manque un peu le point. Il est facile de comprendre pourquoi il tente ce rapprochement: les québécois ont un grand intérêt pour l'Union Européenne et tout ce qui s'en rapproche, c'est donc une manière de gagner des votes en s'éloignant des É-U. D'un autre côté, le Québec a plus de relations commerciales avec l'Europe que, disons, la Saskatchewan... Donc ça pourrait être intéressant pour le Québec mais le problème est que ce genre d'accord ne dépend pas du tout de la sphère provinciale, c'est le fédéral qui s'occupe des questions internationales. Autrement dit: qu'est-ce que fait Charest dans toute cette histoire? Pas grand chose en fait, sinon qu'il puisse essayer de servir d'intermédiaire dans les négociations mais même là, pas sûr qu'Ottawa veuille l'avoir dans les jambes...

Ce qu'il-y-a à retenir de cette histoire, c'est que c'est plutôt vaporeux et que Charest essaye de gagner un peu d'appui au sein d'une population qui l'exècre: les francophones du Québec. Monsieur Charest, avant de vous occuper de politique ou commerce international, pourriez-vous essayer de résoudre les problèmes propres au Québec? D'ailleurs, c'est pas comme si on en manquait...

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