mardi 31 juillet 2007

Quota laitier: un bleu à mauvaise odeur...


N'avez-vous jamais remarqué que le prix du lait était passablement élevé au Québec et ça malgré notre grande réputation d'important producteur laitier...

Cette particularité canadienne est due au système de quota sur le lait canadien. Ce que cela veut dire c'est que la vente de lait ou autre produit laitiers, n'est pas un libre marché au Canada et au Québec. Ça n'est pas un libre marché car la quantité produite est restreinte par des quotas maximums, ce qui veut dire qu'il ne suffit pas de posséder des vaches pour pouvoir produire du lait mais qu'il faut premièrement acheter des droits de production. Ces droits de production se vendent et revendent entre fermiers. Le quota se vend sous la forme d'une quantité de gras laitier produit par jour ou kilo-jour. Un fermier qui possède une production de lait de, par exemple, 10kg par jour, peut produire 10kg de gras laitier par journée, donc ce même montant multiplié par 365 pour une année. Cette production peut-être faite sous différentes formes, en voici quelques exemples: une importante production laitière (peu de gras), une production assez importante de yogourt (pas mal de gras) ou encore peu de fromage (beaucoup de gras). Il peut donc produire les produits qu'il veut mais jamais plus que la quantité de gras maximal.

Bon, vous me remercierez peut-être pour ces petites explications sur notre système mais vous me demanderez du même coup quel est l'intérêt de cette présentation? Quel est le lien entre les quotas et les prix faramineux (en exagérant un peu) du lait au Québec? Le lien ce fait lorsqu'on comprend que le but du quota est de limiter l'offre de manière à garder des prix élevés. Ceci fait partiellement du sens, l'idée de base était de garder des prix assez élevés et stables, de manière à assurer un revenu décent aux fermiers. Cependant, sous cette bonne intention un système pervers (pourrais-je parler de cercle vicieux?), s'est instauré.

De quel problème suis-je en train de parler? Premièrement pour la population, en quoi les citoyens canadiens ou québécois devraient-ils payer plus cher pour un produit? Ce que je veux dire, c'est que c'est très bien pour les fermiers (est-ce vraiment le cas?) mais pourquoi avantager ces gens par rapport aux autres? Je suis certain que les producteurs de... t-shirt, montres, ordinateurs et pourquoi pas les services offerts par les mécaniciens, plombiers et ainsi de suite... auraient tous un intérêt à avoir une garantie sur leur revenu. Vous voyez mon point, toute personne aimerait bien que son emploi et le revenu découlant de celui-ci soit assuré par une forme de protectionnisme mais le résultat de cette attitude, sur l'ensemble de notre société, aurait un effet dévastateur sur notre économie. Le pouvoir de dépenser de la population s'affaiblirait considérablement et en conséquence, ce serait le début d'une terrible dépression économique. L'idée du quota n'est donc pas un signe de solidarité mais beaucoup plus un système anti-égalitaire.

Évidemment, ceci n'est qu'une partie du problème car ce système ne nuit pas qu'à la clientèle mais aussi, indirectement, aux fermiers. Comment cela peut-il être possible? Après tout, le fait que les prix soient assurés serait normalement un avantage... Mais ça n'est pas vraiment le cas et pour deux raisons: le prix des droits de production et le frein à l'évolution.

Le premier problème avec ce système est que, dut à la rareté des droits de production, les quotas se vendent entre les fermiers. Cela ne cause pas de problème en tant que tel mais les prix ont maintenant dépassés les bornes. À la fin 2006, le kg/jour se vendait à 33 000$. Ce qui veut dire que de produire 1kg de gras laitier par jour demande, à la base, l'achat d'un droit de production coûtant la somme faramineuse de 33 000$! Faire une grosse production devient donc quasi impossible, le coût des quotas devenant hors-d'accès. Un tel système n'avantage donc plus vraiment les fermiers, ceux-ci étant obligé d'emprunter et d'immobiliser de gros montants qui, dans une autre situation, aurait pu servir à investir sur du matériel de production ou encore des têtes de bétail en plus. Assurer un revenu au fermier en les endettant... Où est l'avantage?

L'autre problème du système de quota est qu'il limite le développement, un frein à l'inventivité. Pourquoi? Parce qu'il favorise le statu quo. Le fermier qui a des droits de production les utilise, fait un peu d'argent mais n'a aucun intérêt à faire plus. Peut-être autrement aurait-il comme intérêt d'investir sur de nouvelles machines, bêtes... pour produire plus et vendre sur un nouveau marché mais il fait toujours face au coût incroyablement élevé des quotas. De plus, toutes nouvelles production faite à base de lait est limitée. Actuellement des fromages québécois sont en train de se développer mais qui a la moyen de les acheter? Étant donné la grande quantité de gras nécessaire pour la production du fromage et le haut coût du quota de gras laitier, le prix du fromage doit automatiquement être beaucoup plus élevé que son coût naturel. Il est donc d'un côté très difficile pour un fermier de produire un nouveau fromage en grande quantité et de l'autre, empêche la population d'acheter, régulièrement, ces fromages. Peut-on préciser que manger du fromage n'est pas un luxe! Faisons la comparaison avec la France et nous verrons tout de suite que les coûts au Québec sont sans commune mesure.

Je conclurai donc que pour, toutes ces raisons, notre système de quota est tout à fait défaillant. Il faudrait le transformer sans tarder, j'avoue ne pas avoir la solution immédiate mais il est clair que cette avenue doit être envisagée. Un nouveau système qui permettrait à nos fermiers de produire efficacement et à la population de pouvoir consommer nos bons produits laitiers, sans vider leur portefeuille, devra être trouvé le plus tôt possible.

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