lundi 23 juillet 2007

Bush: 5- Guerre d'Irak


Bush sera certainement reconnu à l'avenir pour ses multiples gaffes mais la plus grande d'entre toutes sera sûrement la guerre d'Irak. Cette guerre est en effet le cerise sur le gâteau des tentatives irréalistes et surtout inutiles faites par l'actuel président des É-U. Pourquoi voulait-il absolument aller en Irak? Pourquoi décider de faire une guerre sans l'accord de l'ONU? Pourquoi faire la guerre mais sans plan défini? Pourquoi avoir fait une guerre à "rabais" et ne pas avoir suivi les conseils des spécialistes du Pentagone? Pourquoi avoir laissé la situation se dégrader pour les habitants et les soldats? Pourquoi ne pas avoir tenté de s'ajuster face à une situation en évolution? Cela revient donc à une question essentielle: pourquoi? Je ne pourrai malheureusement pas répondre à cette question, monsieur Bush ne m'ayant pas fait de confidence mais je pourrai toute fois tenter d'expliquer en quoi chacun des points précisés ci-dessus fut une erreur colossale.

Pourquoi l'Irak? Le pourquoi de la guerre en Irak a toujours été nébuleux. Une série d'explication a été donnée par l'administration: Al-Quaeda, armes de destruction massive, guerre pour la démocratie, la liberté, la paix, la stabilité... Une guerre pour tout et pour rien... Et c'est justement là que se trouve le coeur du problème, une guerre juste peut toujours mal tourner mais quand elle n'est pas juste, comment pourrait-elle donner de bons fruits? Dès le début, les arguments justifiants la guerre ne semblaient pas solides mais aujourd'hui ils sont devenus complètement inexistant. Le régime de Sadaam avait toujours été en guerre avec les islamistes, comment aurait-il peu être allié à Al-Quaeda? Les armes de destruction massive n'avaient pas été développées en Irak depuis la première guerre du Golf, aucun document sérieux ne pouvait le remettre en doute et toute personne essayant de le préciser à la maison blanche se faisait attaquer personnellement, semblerait-il qu'en haut on ne voulait pas entendre le message. En effet, on ne trouva jamais la moindre trace permettant d'imaginer qu'il y en ait eut. Pourtant Cheney, Rumsfeld et Bush (en ordre d'importance) parlaient bel et bien de champignons nucléaires au dessus de New-York... Je ne sais pas c'est quoi sinon du bon vieux mensonge en plein jour!

Pour ce qui est de tout le reste: démocratie, liberté et tout le tralala, peut-être y avait-il de vrai intentions légitimes mais quel est le résultat aujourd'hui, qui est le plus libre maintenant: les centaines de milliers de morts ou encore les gens qui doivent se terrer chez eux pour éviter de se faire torturer puis décapiter? Non j'oubliais, ceux qui bénéficient vraiment de la démocratie sont ceux et celles, surtout celles, qui sont en train de se voir imposer la sharia (loi islamique) par les milices chiites ou terroristes sunnites... Je ne crois pas aux idées des conspirationistes pour qui le pétrole explique tout, le pétrole a évidemment joué dans la balance mais là n'est pas le problème, le problème était et est toujours avant tout l'amateurisme et l'ignorance. Et puis peut-être autre chose; une pointe d'orgueil... Les É-U pouvait le faire, alors pourquoi ne pas le faire? Pourquoi ne pas montrer à tous à quel point l'Amérique était puissante? Pourquoi ne pas montrer au monde entier à quel point George était un incroyable chef de guerre, un incroyable être humain? Ça permettra de faire des belles photos à la Tog Gun... Bonjour l'orgueil!

Pourquoi ridiculiser l'ONU? L'attitude de l'administration Bush face à la communauté internationale fut littéralement celle du cowboy solitaire. L'Amérique ne souhaitait dépendre de personne et toute nation ne les suivant pas était considéré au mieux comme une nuisance intolérable, au pire comme des ennemis. Ne désirant faire qu'une demi tentative nécessaire à se justifier et du même coup à discréditer cette structure corrompue qu'est l'ONU, Bush ne fit aucun effort pour écouter les conseils ou réprimandes venant de l'extérieur. Le résultat fut un abandon de la démarche devant l'ONU ainsi que la création d'une coalition aussi nombreuse que peu représentative des puissances mondiales et régionales. Nous pouvions ainsi voir un président qui non seulement partait en guerre mais voulait aussi attaquer une institution qui semblait dans le chemin de l'unilatéralisme américain. Le tout en vint à une fin particulièrement ironique car actuellement les É-U recherche l'aide de tous et toutes afin de se dépêtrer de la situation boueuse dans laquelle la superpuissance se trouve. Bush essaye maintenant d'utiliser l'ONU afin de dénoncer les tentatives nucléaires de l'Iran. L'Amérique, trop faible, ne peut plus uniquement espérer menacer et obtenir ce qu'elle veut, elle se retourne donc vers la communauté internationale mais malheureusement c'est trop peu trop tard et tous souffriront de la gifle que l'Amérique a porté à l'ONU et aux autres institutions de médiation internationale.

Pourquoi un plan si irréaliste? La guerre en Irak commença avec une certaine réussite mais aussi un système et une progression qui lui nuirait nécessairement. Rumsfeld avait préparé un envahissement mais n'était pas du tout en mesure de conserver et sécuriser le territoire qu'il avait gagné. Le tout se fit donc comme sur un nuage, une entrée sans égratignure mais ensuite une réalité galopante les rattrapant. L'Irak était une mosaïque de culture qui ne tenait en fait qu'à un fil et ce fil était Sadaam Hussein et le partie Baath. Certaines institutions tenaient aussi l'Irak en un seul morceau, par exemple l'armée mais cette dernière fut aussi éliminée par le programme de débaathification prôné par les responsables américains: la dernière digue venait de lâcher... Il ne faut pas non-plus croire que la guerre civile était inévitable mais plutôt qu'elle ne pouvait être évitée que par des manoeuvres parfaitement orchestrées. Ce ne fut évidemment pas le cas, l'administration Bush avait mis de côté tous les spécialistes du Moyen-Orient qui travaillaient pour les services américains, ceux-ci semblaient trop mou, trop démocrates... Au travers de cette purge, Bush perdit les seuls gens qui avaient vraiment les connaissances requises pour comprendre la situation. Le plan fut donc baser sur un calcul des forces en place ainsi que sur des intentions et des buts mais rien de concret, pas de connaissance de la situation. L'Amérique possédait aussi une somme de règles dictant les pré-requis essentiels afin de partir en guerre. Cette doctrine, nommée doctrine Powell, fut mise de côté par Rumsfeld. Lui, le civil, savait tout ce qu'il y avait à savoir à propos de la guerre et n'avait pas besoin de toutes ces entraves... Nous assistons donc à un rêve qui se réveille lorsqu'il est en train de s'écraser.

Pourquoi la guerre à "rabais"? Pour W. et son acolyte Rumsfeld nul ne pouvait empêcher la puissance américaine d'en arriver à ses fins. Pourtant Sun Tzu avait dit: Les nombres, en eux-mêmes, ne confèrent aucun avantage lorsqu'on part en guerre. Cette parole fut tout à fait vrai, la puissance américaine était totale mais cela n'empêcha pas la situation de se dégrader. Une raison fut le manque de sérieux, le refus d'investir temps, l'argent et la préparation suffisante pour en arriver à un équilibre satisfaisant. Ce fut donc une guerre à rabais. Jamais le nombre nécessaire de soldat ne fut envoyé, aujourd'hui encore les soldats n'ont pas accès au matériel de base qui leur permettrait de faire leur travail en sécurité: gilets par-balle et renforcements pour les Humvees. Le résultat se fait maintenant sentir, les soldats sont blessés par dizaine de milliers et plus de 3 000 moururent. Comme il n'y a pas assez de soldats, ceux qui ne furent pas tués ou blessés doivent maintenant retourner en Irak pour la 3ième, 4ième ou même 5ième fois. Cette pression trop forte sur les soldats amène évidemment une dégradation de la population.

Pourquoi la dégradation? La situation commença à se dégrader dès la fin de la première année, puis arrivèrent les habituelles massacres, bombes et tortures... La situation est maintenant intolérable, guerre civile au menu. Une partie de la dégradation la situation est directement reliée à la guerre à rabais menée par l'administration Bush. Le fait est que le manque de volonté de faire la guerre et la reconstruction de manière conventionnelle, l'acharnement pour un plan qui ne marchait tout simplement pas ainsi que le manque d'ouverture au niveau de la diplomatie régionale (Iran, Syrie...) a dramatiquement empiré la situation. Cette dégradation de la situation se fait maintenant sentir à plusieurs niveaux: du côté des soldats américains, irakiens et de la population. Les soldats américains, étant donné l'éloignement continu ainsi que le niveau de stress élevé, ont perdus confiance en l population locale, se qui se traduit en manque de respect et violence gratuite. De l'autre côté l'armée irakienne, création sans racine depuis la dissolution de la première armée à l'arrivée des américains, ne semble pas non plus en état de faire quoi que ce soit. pourtant ses débuts semblaient prometteurs mais suite à l'augmentation de la violence elle fut rapidement noyautée par les milices, particulièrement shiites. Elle devient donc de plus en plus une représentation d'intérêt partisans, ne permettant plus d'appliquer les intérêts plus larges de la nation. Finalement la population, là aussi le début semblait prometteur. Les gens semblaient soulagés d'être débarrassés de Sadam. Les premières élections furent aussi un grand succès mais cela dura peu car celle-ci devient une victime abusée par tous, elle ne cherche maintenant qu'à s'enfuir du pays, des zones de danger ou encore à se défendre par ses propres moyens, donc se créer des milices et chercher vengeance par elle même. On peut donc résumer que suite à des erreurs faisant preuve d'amateurisme, la situation n'a fait que se dégrader. D'attendre la fin de la chute et le fond du puit devient tout à fait ridicule. De croire que les choses ne peuvent vraiment empirer est illusoire. Aucun plan concret et durable ne fut pris pour améliorer la situation, pourquoi quoi que ce soit devrait-il se stabiliser?


Pourquoi le manque d'ajustement? Il y eut vraiment un manque d'ajustement militaire et diplomatique. Clairement! La première approche d guerre rapide ne fit rien pour assurer la stabilité du pays, bien au contraire cela créa de multiples poches de résistance. L'administration s'obstina plus ou moins dans cette démarche jusqu'à maintenant. Le peu qui fut fait différemment fut présenté il y a peu "the surge" proposée par le le pentagon proposait l'idée d'augmenter le nombre de soldats à Bagdad, 30 000 autres soldats furent donc envoyés ainsi. Sinon, pour le reste ce ne fut qu'une chasse infructueuse à l'insurgé. tentative tout à fait inefficace car elle ne représente qu'une fuite en avant: une fois c'est conter les troupe de Moktada Al-Sadr, l'autre c'est Fallujah et la prochaine fois? Les stratégies les plus habituellement proposées demandaient des forces bien supérieures: 500 à 600 000 soldats au lieu du 150 000 actuel. D'autres, par exemple celle de la tache d'huile, demandait la sécurisation totale d'une zone restreinte puis l'agrandissement progressif de ces "taches", cette stratégie marcha à plusieurs reprises contre des rébellions et insurrections mais est tout à fait à l'antipode des stratégies utilisées actuellement: le but ne semble plus que d'être de poursuivre un fantôme et de le faire au plus bas coût possible...
Cela nous aura appris 2 choses: la guerre est une entreprise sale qui ne doit être utilisée qu'en DERNIER recours et que lorsqu'on rentre en guerre on doit mettre le paquet pour que ça marche, la guerre à rabais n'existe pas et ne peut fonctionner!

Pourquoi monsieur TOP GUN est-il encore président? Hum... Bonne question, non?

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