vendredi 20 juillet 2007

Bush: 4-Économie et coupure d'impôt


La présidence de George W. Bush aura été particulièrement faible pour un des aspects mettant habituellement en valeur les républicains, l'économie.

En fait, pourquoi les républicains auraient-ils perdu de la crédibilité à propos de la gestion de l'économie? La première raison expliquant la déconfiture des républicains à propos de l'économie fut la hausse de crédibilité des démocrates sur le même sujet. Durant les années Clinton, les centristes du partie démocrates réussirent à maintenir une des décades, sinon la décade, la plus prospère de l'histoire des États-Unis. Il était donc difficile pour l'équipe de W. de faire mieux... Mais le problème ne fut pas que Bush ne fit pas aussi bien que Clinton mais bien plutôt qu'il gâcha littéralement le bon travail du premier.

En quoi cela? Bien principalement parce que l'économie va mal depuis 2001. Le taux de croissance du PIB a été très bas entre 2001 et 2003 et se remet difficilement depuis, le taux de chômage est relativement bas mais ne nous méprenons pas, cela ne veut pas dire pour autant que le marché de l'emploi est florissant. Si le taux de chômage est bas c'est simplement que plusieurs personnes ont abandonné toute recherche d'emploi (ne sont donc pas des chômeurs) ou bien travaillent dans des emplois sous-estimant gravement leur valeur réelle (à défaut de trouver mieux ou de pouvoir vivre de l'aide sociale). Ces personnes ne sont donc pas techniquement des chômeurs mais représentent tout de même un problème très concret pour la société. Après la croissance et le chômage, l'autre grave problème de l'économie américaine est le fait que les revenus des travailleurs de la classe moyenne basse et moyenne stagne depuis 2001. Les revenus des très riches ont augmentés grassement mais ceux des autres ont diminués face à l'inflation. Les États-Unis d'aujourd'hui se trouvent à avoir une répartition de la richesse similaire à celle du début du siècle, époque des Rockfeller et autres. Pas exactement l'exemple de société d'égalité et d'opportunité dont les Américains aiment tant se targuer...

Évidemment tout cela ne revient pas uniquement à Bush, on peut d'ailleurs se demander à quel point un gouvernement peut réellement affecter l'économie de son pays. Si Bush n'est pas responsable de tout on peut toute fois lui reprocher 2 actions qui furent particulièrement destructrices: les coupures d'impôt et le déficit du fédéral. Avant tout, les coupures d'impôt n'étaient pas nécessaires. Ces coupures d'impôt de centaines de milliards de $ aux plus riches, présentées par Bush comme la solution numéro 1 afin de repartir l'économie, étaient en fait des médicaments bien mal choisis pour faire face au mal présent. Si en effet les dépenses gouvernementales peuvent créer de l'emploi et ainsi de la consommation, il est aussi possible qu'une coupure d'impôt, augmentant la capacité de dépenser des citoyens, permette là aussi d'augmenter les dépenses et de donner une bonne piqûre d'adrénaline à l'économie. Mais en quoi redonner du pouvoir d'achat aux plus riches va-t-il aider la consommation immédiate du pays? En rien! Les multi millionnaires et milliardaires investissent les montants qu'ils ont sauvés en impôt, une partie fut certainement investit aux É-U mais la grande majorité le fut, plus judicieusement, en Chine et en Inde. Ces coupures d'impôt furent donc certainement bénéfiques pour le développement des pays considérés comme rentables par les investisseurs mais pas nécessairement pour la population américaine.

Bizarrement, ces coupures d'impôt furent relativement bien acceuillies par la population et cela bien que la quasi-totalité d'entre eux ne pourront jamais en profiter. Alors pourquoi appuyer de tels mesures? La raison principale serait la conviction, des américains, qu'aux États-Unis n'importe qui peut passer de la misère à l'abondance, donc qu'en travaillant fort, chacun peut réussir.
Si cette possibilité était autrefois l'apanage des É-U, la situation actuelle a radicalement changée. La mobilité sociale américaine n'est plus ce qu'elle était auparavant. Une étude du Organization for Economic Cooperation and Development nous montre que la mobilité sociale est maintenant beaucoup moins présente aux États-Unis que dans la plupart des autres pays développés. Par exemple, lorsqu'un homme, aux États-Unis, est dans le plus bas rang quintile (la section la plus pauvre de la société), il y a 40% de chance que son fils ne réussisse pas à sortir de cette pauvreté. Par comparaison, au Danemark ce même fils n'aurait que 25% de chance de rester dans la même pauvreté que son père. L'on pourra évidemment me dire que le Danemark n'est qu'une exception... Pas du tout! Des pays comme l'Autriche, la Norvège, la Finlande, le Canada, la Suède, l'Allemagne, l'Espagne et la France ont tous des niveaux de mobilité sociale plus élevés...

Le deuxième pêché de Bush fut d'augmenter certaines dépenses, baisser les impôts et faire une guerre en même temps (tentative jamais faite auparavant). L'évident résultat fut une série de déficits du gouvernement fédéral, successifs et abyssaux. Quelle importance pour l'économie et la qualité de vie des gens? Simple, plus l'État s'endette, moins il a la capacité de réagir quand il le peut (à cause des taux d'intérêt sur la dette). Sous les années Clinton la dette avait diminuée (relativement à la taille de l'économie), d'année en année. Sous Bush se fut l'inverse, la dette augmenta de 300 à 400 milliards de $ US par année. L'autre problème venant avec les hauts déficits est que cela monopolise les différents investissements de la société sur le fait de combler les dérapages du gouvernement et non sur l'investissement sur de nouvelles technologies ou entreprises. Un haut déficit est donc une nuisance à la recherche de financement nécessaire aux entreprises privées, qui ne l'oublions pas, représentent le plus grand créateur d'emploi et de richesse d'une société à économie ouverte comme les États-Unis.

Les États-Unis de Bush sont donc moins riches (comparativement au niveau mondial), que la nation de Clinton ne l'était. Mais il y a pire encore; le grand rêve américain, que tous ont leur chance, n'est plus! Évidemment, la responsabilité de se désastre ne revient pas uniquement à Bush mais il mérite toute fois sa part de reproche. La manière dont il a grossièrement favorisé les riches et coupé dans les services de santé et d'éducation aux pauvres ont clairement nuis à la promesse de prospérité que son pays offrait autrefois. De plus, le fait qu'il ait sur endetté l'État rend toute possibilité de transformation radicale beaucoup moins plausible. Un autre beau gachi! Les États-Unis restent riches et puissants mais pas du tout autant que tous les pronostiques prévoyaient avant l'arrivée de Bush au pouvoir.

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