lundi 23 juin 2008

L'Immigration en Alberta


L'immigration, en Alberta, est un puissant phénomène qui a eu des conséquences importantes sur la société de la province, je toucherai donc cette question en quelques points afin de vous dresser le meilleur portrait possible.

Premièrement, quelle est la situation de l'immigration en Alberta comparée a celle du Québec? Au Québec, selon le recensement de 2006 de Statistique Canada, l'immigration représente 12% de la population, particulièrement concentrée à Montréal. Pour la ville de Québec, par exemple, ca n'est que 4% de la population qu'y est issue de l'immigration. En Alberta c'est plus près de 16% et a Edmonton plus près de 20%. Si on peut tout de suite remarquer une différence au niveau de la comparaison entre province, elle ne semble pourtant pas si grande. Cette statistique est cependant fallacieuse, car ces statistiques ne comptent que les immigrants de l'extérieur... Avec l'immigration interne, les statistiques changent complètement. En fait, en nombre d'immigrant total (de l'étranger ou d'autres provinces) l'Alberta reçoit 80,000 immigrants par année, alors que le Québec en reçoit entre 40 et 45,000. Finalement, étant donné que le Québec a une population deux fois plus élevée que celle de l'Alberta, cela veut dire que l'Alberta reçoit 4 fois plus d'immigrants, par habitant, que le Québec. Nous ne parlons pas ici d'un simple flot mais littéralement d'un torrent. Difficilement égalable à la grandeur de la planète.

De plus cette immigration est assez différente de celle connue au Québec. Elle est très peu européenne et ne provient pas vraiment d'Afrique. Elle est en fait plutôt spécifique à l'Extrême-Orient et a l'Asie du Sud (sans compter l'immigration interne canadienne). Ce sont donc les Chinois et les Indiens qui se partagent le gros du gâteau de l'immigration. On voit leurs institutions partout: restaurants, temples, églises, magasins de toutes sortes et encore mieux, on les voit partout ou on ne croirait les voir. Par exemple, qui voit-on habituellement travailler dans un restaurant mexicain? Vous dites des... Mexicains! Faux! Des Chinois, que des Chinois. Vous pouvez donc imaginer la vague d'immigration venant de Chine si même les latinos se vont voler la représentativité même de leur nourriture nationale...

Une autre chose que j'ai bien aime découvrir en Alberta est l'idée de responsabilité morale liée a l'immigration. Je m’explique : l’autre jour, j’assistais a une présentation, dans mon milieu de travail, sur l’apport des travailleurs de la sante issus de l’immigration. Rien de bien nouveau la dedans, on parle de faire une place aux immigrants professionnels de la santé depuis déjà bien longtemps et cela partout en occident. La différence, qui m’a été ici présentée, est que le problème n’est pas de leur faire une place, ce qui est déjà le cas en Alberta mais plutôt de la responsabilité morale envers la pouponnière… Hein? Pourquoi est-ce que je parle de pouponnière? Parce qu’il a bien fallu que quelqu’un forme ces médecins et ces infirmières… En effet, les spécialistes de l’immigration et de l’intégration des immigrants professionnels de la sante amenaient l’idée que l’Alberta devrait payer un dédommagement pour les pays et/ou les écoles exportatrices. Dans ce cadre d’idée, l’immigrant devient une marchandise qu’un pays vend à un autre… Pas banal quand même!


Tout cela ne me semblait cependant pas très clair. Pourquoi l’Alberta devrait-elle donc payer un autre pays ou institution pour le choix libre qu’un individu a fait en émigrant au Canada? La réponse donnée venait en deux étapes : premièrement que la province avait une responsabilité morale envers le pays d’origine puisque souvent celui-ci était habituellement plus pauvre, ayant des besoins de sante plus grands et manquait lui-même grandement de médecin. Concrètement, est-il moral de prendre un médecin Africain alors que son pays d’origine vit une crise de sante hors de proportion avec celle vécue en occident (voir la carte ci-dessous)? L’argument n’est pas mauvais mais je me demandais si c’était la raison principale.




C’est alors que vint la deuxième raison: si tu veux pouvoir récolter à nouveau, il te faut semer régulièrement… Quoi? Comme vous aurez pu le remarquer, je ne parle pas directement d’agriculture mais bien de sous-traitance des professionnels de la santé. Ces immigrants ont une telle importance pour l’Alberta, que la province ne pense pas seulement a la manière de les attirer maintenant, mais aussi de la meilleur manière de les attirer dans le futur. Chose impossible si la source se tarît. La province veut donc payer les universités ayant formés leurs immigrants de la sante afin de s’assurer que ceux-ci continueront d’avoir les moyens de former et d’ensuite leur exporter ces produits exotiques et si importants… Ni plus, ni moins qu’un plan de sous-traitance, sur le long terme, de la formation des professionnels du système de santé Albertain.

Il reste que je trouvais bizarre que l’on décide de dépenser cet argent à l’extérieur plutôt qu’a l’interne. Ne pourrait-on dépenser cet argent ici afin de produire des médecins locaux? Du même coup laissant tranquille les médecins de l’Afrique ou de l’Asie du Sud? La réponse fut la aussi on ne peut plus claire: former un médecin au Canada coute une fortune, la sous-traitance revient bien moins cher… Le choix de prendre le médecin étranger et par la suite redonner afin que la prochaine génération éclose coule donc de source… Cependant, on peut tout de même se poser des questions sur la logique de la chose. Si on doit payer pour les professionnels du système de santé, sous l’argument qu’ils ont une valeur très grande pour le pays d’origine et que l’on veut pouvoir continuer à les recevoir, alors devra-t-on payer pour chaque immigrant débarquant au Canada. Apres tout, les travailleurs de la santé ne sont pas les seuls à avoir une valeur. Chaque immigrant représentant une mine de savoirs et de connaissances… Se devra-t-on alors de payer en fonction de l’emploi? De l’âge? Ou encore en fonction de l’éducation? C’est non –seulement très compliqué mais ca devient en plus très ressemblant à un marché aux esclaves… Enfin, quelque soit le point de vue, ca reste très particulier.

Pensez-y bien, est-ce que ca pourrait exister ailleurs? Est-ce que ca pourrait exister dans un endroit où les gens ne valorisent pas autant l’immigration? Dans un endroit qui ne serait pas aussi mercantile? Est-ce que ca pourrait exister en un endroit où l’on ne reçoit pas autant d’immigration? Je ne le crois pas et c’est ce qui représente une des plus grandes particularités que j’ai pu déceler en Alberta.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Oui, probablement il est donc

Arthur a dit…

Euh? Quoi? J'ai l'impression qu'il y a eut un petit problème lors de l'enregistrement du message. Dommage...

 
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