samedi 24 novembre 2007

Reagan et l'archaïsme américain


Ronald Reagan est un personnage spécial pour les États-Unis d'Amérique. Cet homme de cinéma, transformé par la suite en figure politique californienne puis nationale, fut l'un des présidents américains, de 1981 à 89, les plus appréciés. Lors de sa mort, en 2004 des milliers, sinon des millions, de personnes ont communié en son nom. On parlait de lui comme étant à la hauteur des Washington, Jefferson, Lincoln ou encore la pair des Roosevelt. Le point que j'essaierai de défendre dans cet éditorial est que non-seulement il n'a jamais été à la hauteur de ces illustres prédécesseurs mais qu'il peut plutôt être relié à son suivant, Bush junior. Donc, qu'il n'a pas été un fondateur du progrès et du succès mais plutôt un archaïsme américain qui aura ralentit son pays jusqu'à aujourd'hui. Ce qui en fera plutôt un Nixon ou un Hoover de l'histoire. Je défendrai cette position grâce à quatre arguments principaux: l'image et le côté artificiel de Reagan, ses positions religieuses et irrationnelles, ses déficiences "raciales" et finalement ses politiques catastrophiques.

Commençons donc avec le côté artificiel de l'image de Ronald Reagan. Cet homme politique aura été l'un des premiers président étoile (Kennedy a sans doute été le premier), exemple parfait de cette mixité bien américaine qui est maintenant banale; un président plus que politicien, un acteur populaire proche du peuple... Précisons aussi que Reagan n'était pas qu'acteur mais bien plus, le cow-boy; un idéal américain extrêmement puissant. Comme vous pouvez le voir, Arnold Schwarzenegger n'est pas le premier spécimen du genre. Évidemment, il facile de comprendre en quoi un acteur, tout habillé de mythologie hollywoodienne, possède un avantage incroyable pour ce qui est de vendre son image aux électeurs. Malheureusement, une image rutilante n'assure en rien les qualités, comme politicien, d'un prétendant. Je ne veux pas dire que Reagan n'était qu'une image, il était tout de même un fin renard avec un excellent instinct politique mais que ce qui le poussait avant tout dans l'opinion public était son sourire et son charisme. Ce charisme était l'intangible qu'il savait garder avec lui et c'est à cause de cela que la pays resta toujours aveugle face aux multiples et coûteuses erreurs qu'il commit. En faisant cela, Reagan ouvrit une nouvelle approche possible pour tous les futurs candidats républicains, celle de ne plus traîner avec l'image d'hommes ennuyeux et corrompus comme Nixon. Reagan montrait une voie beaucoup plus facile, il ne restait qu'à suivre le mysticisme de la confiance, des paroles simples et bien placés. George W. Bush fut certainement le plus grand adepte de cette méthode et s'en réclama, comme descendant idéologique de Reagan, à plusieurs reprises. Pour bien montrer le côté irrationnel que peut avoir l'attrait républicain, je vous conseille d'aller voir ce vidéo sur YouTube: http://fr.youtube.com/watch?v=0Y5_q-rWMkg. C'est un excellent exemple de tout ce qui cloche avec cette idéologie, un grand rêve avec bien peu de base concrète. Je dois avouer que ça me donne froid dans le dos, on a presque l'impression qu'ils essayent de nous présenter de nouveaux prophètes modernes... Justement, excellente manière de passer aux position religieuses et irrationnelles de cet ancien président.

Ronald Reagan a été un de ces présidents religieux et immensément irrationnel, c'est avec lui que la grands vague conservatrice a commencée, en écrasant toute nuance sur le chemin, le vidéo que je viens de vous présenter en est le parfait exemple... Pour lui il existait le bien (l'Amérique) et le mal (l'Union Soviétique), une conception manichéenne encore une fois beaucoup utilisée récemment... Dans cette conception du bien, il déterminait des choses comme l'avortement comme étant uniformément mal, peu importe la situation! Il cru bon,aussi, de bien préciser que la théorie de l'évolution n'était qu'une théorie, impliquant par là (dans ce double langage qui était le sien) que le Darwinisme ne devait en aucun cas avoir primauté sur la vision biblique de l'apparition du monde. précisant aussi qu'il préférait que ça soit le créationisme qui soit enseigné dans les cours de biologie. Pensait-il vraiment tout cela ou, afin de gagner des votes faciles, ne jouait-il qu'un rôle? Comment savoir? Du moins et et cela on peut en être certain, c'est que publiquement il était un fondamentaliste religieux, un obscurantiste tout ce qu'il y a de plus archaïque.

Le Président du grands espoir a aussi eu des points de vues raciaux plutôt dérangeants... Que veux-je dire par là? Que Reagan a su profiter du racisme du sud des États-Unis afin de se faire élire président en 1980. Je sais que cette accusation est très grave mais est toute aussi bien documentée. D'excellents articles de Herbert et de Krugman, éditorialistes au NY Times, nous explique en quoi il utilisa le racisme anti-noir lors de ses calculs politiques. La question n'est pas de savoir s'il était lui-même raciste mais s'il utilisait ce phénomène social de façon démagogique. En effet, durant la campagne présidentielle de 1980, Reagan se présenta dans une petite ville du Mississippi, connus à l'époque pour être l'endroit où des activistes anti-racisme venaient d'être assassinés et y livra un des discours les plus abominables de l'histoire américaine moderne. Il affirma à l'audience, majoritairement des blancs racistes cautionnant les récents meurtres et leur annonça que lui n'était pas pour l'empiètement du fédéral sur les États, il leur dit que les États devaient être laissés tranquilles. Une telle affirmation, dans le contexte de racisme et de violence présent dans les États du sud, tel le Mississippi, voulait dire qu'il se lavait les mains de ses massacres et de la ségrégation toujours présente. Que s'il était élu président, jamais il n'essaierait d'imposer les habitudes libérales et égalitaires de Washington dans un État tel que le Mississippi. Précisons aussi que ce ne fut pas la seule fois que Reagan pris de telles positions, toujours dans le même sens, toujours anti-noirs. Il faut aussi dire qu'à ce moment son opposant, Carter, se disait ouvertement contre les restants de ségregation présents dans le sud. Résultat: Reagan gagna le sud et envoya Carter à la retraite, prenant son siège de président. Est-ce que c'est à ça que vous pensiez lorsque l'on parlait de Reagan comme étant monsieur espoir et le salvateur des bonnes valeurs chrétiennes américaines? Peu importe ce qu'il pensait réellement, il fit et dit des choses qui firent reculer les États-unis pour des décennies. Comment éliminer le racisme lorsque le président le cautionne indirectement?

Lourd, n'est-ce pas? Précisons que l'on ne parlait pas de tout cela dans le petit vidéo que je vous présentait un peu plus haut... Le dernier point que je compte utiliser, celui des politiques et projets qu'il tenta de mettre en oeuvre, devrait finir de vous convaincre que Reagan n'a pas été ce salvateur de la nation que tant voudraient bien croire. Premièrement il faut bien expliquer que Reagan ne fut pas du tout le grand conservateur économique qu'il avait promis d'être. Car si d'un côté il attaqua tous les fondements de la sécurité sociale, il ne fut toute fois pas du tout responsable au niveau des finances publiques. Reagan fut certainement le plus gros dépensier, en terme de déficit des finances publiques, avant l'arrivée de Georges W. Bush. comme vous pouvez encore le remarquer, ces deux là ont toujours eut beaucoup en commun... Sous son règne, le pays s'endeta (ce qu'il reprochait faussement à la sécurité sociale), l'économie ralentit mais tout ce qu'il trouva à faire fut de drastiquement couper les impôts, tout en augmentant les dépenses militaires. Plus de dépense, moins de revenu d'impôt... C'était la recette parfaite pour un grand endettement et pour une crise économique. Juste après son départ, sous la gouverne de Bush senior, une récession affaiblit drôlement les États-Unis; il serait difficile de ne mettre aucune responsabilité, pour cette crise, sur les actions prises par Reagan lors de ses 8 ans au pouvoir. N'oubliez pas que l'économie réagit toujours à rebours des décisions gouvernementales. Conclusion, ce ne fut qu'avec Clinton et ses 8 années de croissance et de bonne finance publique que l'économie américaine put recouvrir des chocs causés par Reagan.

Voilà! Mon argumentation est terminée et j'espère bien vous avoir convaincu; convaincu que Reagan n'a pas été celui que l'on voudrait qu'il soit et surtout, que ce type de politicien est extrêmement dangereux pour un système démocratique. Pas que d'utiliser l'image est mal mais que la guerre d'image, lorsqu'elle ne se base que sur des archaïsme et des demi-faussetés, coule une démocratie dans un socle donc il est très difficile de se dépêtrer. Reagan ne mérite définitivement pas d'être comparer avec les grands, peut-être devrait-on garder ce statut pour... possiblement... un Clinton? On se rappellera plutôt que Reagan fut un homme politique avec un flaire remarquable, un charme fait sur mesure et une chance de tous les diables... Honnêtement, que l'Union Soviétique croule de par elle même, sans que Reagan n'ait à lever le petit doigt et à l'époque même de sa présidence, est une chance que l'on ne saurait considérer comme commune en ce bas-monde...

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