En pleine crise financière et économique, la politique fédérale canadienne est en pleine ébullition. Un mois et demi après l'élection d'un gouvernement conservateur minoritaire, le pouvoir est mis à mal et le pays doit se préparer à la possibilité d'une énième élection ou même d'un coup d'état.Ça ne va pas au gouvernement fédéral, non, ça ne va pas du tout. Que se passe-t-il et à qui la faute de la crise? Les bases de la crise sont plutôt simples: Harper et son fameux agenda caché... Oui, le Premier Ministre Stephen Harper a clairement manqué de doigté dans les dernières semaines. Qu'a-t-il fait? Il a, lors de son dernier énoncé économique, tenté trois actions hautement partisanes et directement destructrices pour la situation politique canadienne actuelle. Plus particulièrement, les trois annonces faites par Harper: l'abolition de la subvention aux partis politiques, la suspension du droit de grève des employés fédéraux et la fin du régime d'équité salariale, se révèlent des choix politiques beaucoup trop marqués et idéologiques pour un gouvernement minoritaire, surtout qu'aucune des actions promises afin de stimuler l'économie ne furent proposées dans l'énoncé. Face à une telle situation, les partis d'opposition n'ont pas d'autre choix que de s'opposer directement au Parti Conservateur (sans les subventions aux partis politiques, peu pourrait survivre). Le problème est donc clair, si tous les partis d'opposition votent contre l'énoncé économique, le gouvernement est défait sur un vote de confiance, ce qui nous amènerait directement à une autre campagne électorale (seulement un mois et demi après que nous en soyons sortit).
Le gouvernement Conservateur, ayant finalement compris qu'il est allé beaucoup trop loin, a annoncé qu'il reculait sur la question des subventions aux partis politiques (ce qui était un mouvement beaucoup trop anti-démocratique pour ce que les Canadiens sont près à digérer). Cependant, malgré ce recul et le fait que le ministre des finances, monsieur Flaherty, a devancé la date du budget fédéral (ouvrant ainsi la porte à quelques mesures de stimulation économique), l'opposition ne semble pas démordre de son os.
En effet, l'opposition Libérale-néo-démocrate semble se griser à l'idée qu'ensemble (et avec l'aide opportune du Bloc Québécois), ils peuvent faire trembler le gouvernement. Encore pire, ils se sont mis en tête qu'ils pouvaient être Calife à la place du Calife. Oui, c'est exactement ce que la "possible" nouvelle coalition rouge-orange promet de faire. Utilisant le fait que la crédibilité d'Harper en a pris un coup comme chef de gouvernement, l'opposition demande à la Gouverneure Générale de trancher en leur faveur et de leur accorder la gouvernance du pays...
Oui, vous avez bien entendu, les partis Libéral et néo-démocrate sont en train de nous passer un coup d'état en douce! Car si les partis d'opposition étaient tout à fait légitimes dans leurs pressions contre l'énoncé économique de Harper, ils ne le sont pas du tout dans leur revendication de la gouvernance. Pourquoi? Pour la simple et très bonne raison qu'ils n'ont pas gagné la toute dernière élection et n'ont donc aucun droit sur le gouvernement. Les Canadiens ont élu (même de manière minoritaire) le
Parti Conservateur afin de diriger le pays; pas le
Parti Libéral (qui a vécu une réelle déroute) et le
Parti Néo-démocrate (qui n'a qu'une trentaine de députés). En ce sens, les partis d'opposition se doivent d'accepter leur défaite et ainsi, cesser de vouloir s'approprier le pouvoir. D'ailleurs, même une coalition rouge-orange n'obtiendrait que 113 députés, contre 143 des Conservateurs. Même en coalition, ce nouveau regroupement politique aurait moins de légitimité démocratique que les Conservateurs. De plus, il est ridicule de penser que le
Bloc Québécois puisse rejoindre la coalition. Un parti séparatiste ne pouvant avoir un rôle de direction dans le pays qu'il veut détruire. N'acceptant pas de faire de compromis par rapport au Québec, le
Bloc Québécois serait donc un élément ingouvernable dans cette possible alliance, enlevant toute stabilité et donc crédibilité à cette coalition.
Donc, il va falloir que tout ce beau monde prenne une grande respiration, se calme et revienne sur terre. Harper
doit faire des compromis et faire face à la crise économique au lieu de faire de la basse politique partisane. De l'autre côté, Dion, Duceppe et Layton
doivent se rappeler qu'ils n'ont
pas été les gagnants de la dernière élection et qu'ils ne peuvent donc pas prendre la direction du pays. Si les deux côtés font un peu plus preuve de retenu et de prudence, alors la crise politique passera (pas de réélection, pas de coup d'état) et on pourra passer aux questions cruciales de l'économie et de la finance. Par contre, si personne ne fait preuve de prudence, les Canadiens se feront de nouveau projeter dans une campagne dont personne ne veut ou même dans un coup d'état qui mettrait à mal notre démocratie. Allons messieurs les politiciens, du calme pour votre pays, on vous en prie!