mercredi 5 mars 2008

Intimidation soudanaise


Le Soudan n'est pas, depuis déjà un bout de temps, considéré comme un pays particulièrement responsable, démocratique, respectueux des droits de l'homme, etc. C'est en fait le contraire, cette ex construction coloniale a plutôt la réputation d'être beaucoup trop à l'aise avec l'utilisation de la violence. Ce qui en fait un voisin vraiment désagréable et un gouvernement central, pour sa propre population, très peu à l'écoute…

Tout cela est évidemment du remâché, cependant le Soudan semble actuellement dans une démarche qui confirme et accentue sa mauvaise réputation, amenant celle-ci à un autre niveau. Ces derniers temps c'est le génocide (il est difficile de dire si c'est exactement se que l'ONU définit comme un génocide, disons seulement un massacre de masse...) du Darfour qui prend toute la place dans l'actualité. Encore une fois, le Soudan s'en prend à sa propre population. Ce conflit a créé une onde de choc régionale et risque d'entraîner d'autres pays, tel le Tchad, à sa suite. Encore là, rien de nouveau. Quoi alors?

La toute dernière nouvelle est reliée à la force de stabilisation de l'Union Européenne (EUFOR, mandatée par l'ONU). Ceux-ci ayant à peine commencé à se déployer au Tchad, dans la région bordant le Soudan, que la première bavure a eu lieu. Une force de reconnaissance française se serait, par inadvertance (ou non), introduite sur le territoire soudanais. Conséquence: au lieu de civilement leur demander de quitter immédiatement le territoire souverain du Soudan, l'armée soudanaise a attaqué les quelques français, en blessant un et en tuant un autre.

Cet acte n'est pas anodin, ça n'est ni-plus, ni-moins, qu'une tentative d'intimidation de la part de Khartoum. Une autre bravade, afin de faire basculer la volonté chancelante des gouvernements occidentaux et de leurs populations pacifistes. Ce type de tactique a été utilisé à plusieurs reprises, contre les forces occidentales, par les gouvernements africains. Par exemple au Somalie, en tuant des soldats américains ou au Rwanda, en tuant des soldats belges. L'idée derrière cette violence mesurée est d'attaquer immédiatement la validité de l'intervention dans l'opinion publique. Les bons citoyens se disant "Mon Dieu, un mort au Darfour! Mais qu'est-ce qu'on fait là (de toute façon, qui sait où se trouve le Darfour?), bring the boys home"... Cette stratégie a déjà fonctionnée par le passé et ceci n'est qu'un début, nous verrons bien si la population française tiendra le coup ou si, encore une fois, l'opinion publique se laissera aller dans une débauche de sentimentalisme couard, mettant ses valeurs humanistes au rencard pour laisser le champ libre à une autre dictature cruelle.

Le pire dans tout cela est que si, je dis bien si car j'espère bien que la population française ne flanchera pas et saura reconnaître le bien fondé de l'utilisation de force militaire dans ce cadre régional particulier (et cela peu importe qu'un, dix ou cent soldats périssent), donc si la population abandonne, alors ce sera une incitation de plus pour tout dictateur de faire de même par la suite. Autrement dit, ça serait faire comprendre aux despotes du globe, qu'encore une fois, il ne s’agit que de frapper fort et violemment dès le début, et les forces occidentales se devront de s'enfuir queue entre les jambes. Cela non-pas par incapacité militaire mais simplement parce que la population a perdu la compréhension de certains problèmes internationaux et surtout en quoi une certaine utilisation de la force est essentielle et ne peut être remise en question pour chaque goute de sang abreuvant un sol en détresse.

Aucun commentaire:

 
Site Meter