Hydro-Québec est, pour l'ensemble de la population de la province, un grand symbole de fierté, d'autonomie et de succès. Pas très étonnant lorsqu'on retrace l'importance de sa nationalisation dans les grandes avancées prônées par tous nos gouvernements, fédéralistes et indépendantistes compris. Hydro-Québec représente la vache à lait du Québec, c'est notre puits de pétrole à la sauce verte (pas parfait les barrages mais tout de même). Rien de bien nouveau là-dedans, ça fait consensus chez nous mais alors, comment ce fait-il que nous gaspillons totalement les capacités incroyables de notre ressource? Quoi? Me répondrez-vous certainement, comment est-ce possible alors que l'on fasse plus de 2 milliards de profit annuellement grâce à cette méga compagnie?
La réponse que j'ai à vous proposer est assez complexe, je tenterai donc de la simplifier au maximum. Ensuite, afin que vous ne pensiez pas que j'invente tout ça, je vous ferai part de deux propositions, toutes deux très sérieuses mais bien différentes, afin de mieux utiliser cet outil incroyable, qu'est notre compagnie d'électricité nationale.
Voici premièrement en quoi nous gaspillons notre ressource, le Québec brûle malheureusement son potentiel électrique. Nous sommes des gaspilleurs! Nous utilisons l'électricité pour tout faire, éclairer, chauffer, etc. et malheureusement aussi pour ne rien faire... Nous sommes des gaspilleurs! Non? Où ailleurs voit-on des gens quitter leur domicile, toute lumière ouverte? Où voit-on des gens chauffer leur logement de jour comme de nuit, qu'ils y soient ou non? Où voit-on des gens allumer toutes les lumières de la maison alors qu'ils ne passeront la soirée que dans une seule pièce? Réponse: Au Québec! Et les exemples pleuvent mais je vous épargnerai la liste. Est-ce que je paranoïe? Non, autrement que par ces quelques exemples, j'ai des statistiques qui ne mentent pas. Notre consommation d'électricité par habitant (en 2002) était de 27 358 kWh, bien au dessus du 17 307 du Canada, du 13 640 des États-Unis, de la moyenne de l'OCDE de 7707 et excessivement plus que le 6254 de la Grande-Bretagne... Vous rendez-vous compte qu'on consomme deux fois plus d'électricité par habitant que les Américains (qui ne sont pas de grands économes en quelque domaine que ce soit) et quatre fois plus que la moyenne des pays riches? Et pour les fins finauds qui justifieraient ça par notre climat, dîtes vous bien que les Suédois n'utilisent, environ, que la moitié de ce que nous utilisons. On gaspille! Répétez-vous le à quelque reprise, vous verrez que vous finirez par l'accepter...
Bon, maintenant que ce point est prouvé, on pourra toujours me répondre: "Et puis quoi? On l'a pas cher et on s'en fou!" C'est justement là qu'est le coeur du problème, notre électricité est gaspillée car les gens l'utilisent comme si elle ne valait rien et c'est le cas car on ne la paye à peu près rien. Quoi? Abomination, j'ose dire qu'on ne paye rien pour l'électricité mais le gouvernement nous a fait des hausses successives, on doit bien la payer... quoi? Entre 5 et 5,5cents le kWh et ça ne représenterait absolument rien? Pensez-y, si on se compare aux prix de la région, on paye notre électricité trois fois moins cher qu'à Boston ou New-York et deux fois moins cher qu'à Toronto. Donc, en effet on ne la paye pas cher du tout.
Je viens donc de mettre en évidence deux points fondamentaux: on paye notre électricité excessivement peu cher et on la gaspille. Ces deux phénomènes sont évidemment liés: on ne pourrait pas tant gaspiller si on payait l'électricité plus cher, le tout nous ruinerait. Ou plutôt, si les prix étaient plus hauts, alors on serait plus économe, on ferait plus attention, on utiliserait des électro-ménagers moins gloutons, etc. Ce qui nous donnerait quoi? En autarcie rien du tout mais en un libre marché comme le nôtre, absolument tout! Gaspiller notre électricité nous empêche de faire une petite fortune et le nom de se trésor caché est l'exportation.
Pfff, rien de nouveau dans cette proposition vous dites-vous, on exporte déjà beaucoup! Faux, archi faux! Le Québec gaspille tellement que notre immense production électrique est quasiment toute utilisée à l'interne et quasiment rien n'est utilisé en exportation. Actuellement, seulement entre 2 et 3% de notre production d'électricité totale va en exportation nette. Ce qui veut dire que nous consommons entre 97 et 98% de notre production d'électricité. Ce qui est encore plus incroyable, c'est que l'on fait près de 30% des profits d'Hydro-Québec directement des exportations. Si le Québec pouvait vendre plus rationnellement son électricité sur le marché du Nord-Est Américain, nous pourrions faire passer notre profit de 2,5 (à peu près) milliards à près de 8 milliards! Ça n'est pas qu'un rêve c'est la réalité avec un petit effort, sauver de l'électricité afin de faire payer nos voisins du Nord-Est. Que de programmes sociaux pourrions-nous nous payer avec de tels revenus... Le déficit ne serait plus qu'un lointain souvenir et la dette ne serait plus aussi terrorisante qu'elle ne l'est actuellement.
Évidemment, je comprends que le tout n'a pas beaucoup de valeur tant que ça n'est qu'Arthur qui le dit. Les lucides en ont parlé mais qui a lu leur mémoire? Voilà pourquoi je vous propose de jeter un coup d'oeil à deux propositions faites dans les magazines
l'Acualité du 15 octobre et du 1er novembre. La première, celle du 15 octobre, est une possible réforme d'Hydro-Québec proposée par Daniel Audet (ancien conseiller spécial d'André Boisclair et ex-directeur du cabinet de Bernard Landry). Cet homme politique propose tout simplement la privatisation d'Hydro-Québec... Pourquoi? Parce que les monopoles publiques sont souvent inefficaces, difficilement réformables et que l'on n'arrivera jamais à vraiment profiter de cette richesse si on la laisse entre les mains de l'État. La solution est donc une privatisation, qui payerait sans doute l'entièreté des 130 milliards de la dette québécoise et ceci n'empêcherait pas pour autant de récolter des redevances hydrauliques de cette nouvelle compagnie privée... Je dois avouer que cette approche choc ne me plaît pas. Pourquoi vendre Hydro-Québec alors qu'on pourrait faire tellement d'argent avec? Pourquoi vendre le puits de pétrole à des intérêts particuliers alors qu'on pourrait en faire profiter, de manière durable, l'ensemble de la population?
Voilà pourquoi je suis beaucoup plus intéressé par la deuxième proposition, qui fut faite par Jean-François Lisée (ancien conseiller de Robert Parizeau), encore une fois dans le magazine
l'Actualité (1er novembre). Monsieur Lisée propose plutôt une réforme de notre tirelire afin qu'elle devienne notre caverne d'Ali Baba. Monsieur Lisée affirme que le tout peut être fait en augmentant le prix du kWh de 5,5 à 10 cents. Cela fait, nous pourrions économiser beaucoup d'électricité, qui serait exporté. Cette augmentation des exportations augmenteraient nos profits jusqu'au seuil de 8 milliards de dollars par année. Une fois cette super-Hydro réformée, nous pourrions vendre le quart des parts, principalement à d'autres institutions québécoises (Desjardins, caisse de dépôt, fonds de pensions, etc.) ce qui permettrait de garder une bonne partie de la poule aux oeufs d'ors en mains québécoises et du même coup, de créer un trésor incroyable (un minimum de 32 milliards mais peut-être plus) qui permettrait de payer une bonne partie de la dette et de sauver environ deux milliards de $ par année en intérêts sur la dette.
Évidemment, j'explique ça un peu rapidement et je vous invite à feuilleter
l'Actualité pour y voir plus clair. De plus une quantité de sources intéressantes, touchant le sujet, peuvent être trouvées sur le net. Jettez-y un coup d'oeil! Enfin, le but de cette intervention est de vous faire voir qu'en pensant légèrement différemment notre vie au jour le jour, en faisant preuve de flexibilité, on pourrait réformer une institution qui entraînerait la province dans un sillage de richesse (très relative, évidemment). Nous sommes assis sur un champs de pétrole et nous nous contentons de l'utiliser pour faire fonctionner nos lampes à l'huile au lieu de l'exporter et de VRAIMENT en profiter. Pensez-y un peu, nous nous battons depuis des années pour des pacotilles, coupant dans les prêts et bourses pour sauver... 100 millions par année. Ce ne sont que des saignées superficielles en utilité et très douloureuses pour n'atteindre que la cheville de ce que l'on pourrait gagner avec une Super-Hydro-Québec. Je ne crois pas au Père Noël ou à Super-Man mais je crois, sans aucune difficulté, à une Super-Hydro. Croyez-y, pour notre intérêt à tous!