mardi 20 janvier 2009

Maher Arar dénoncé par Omar Khadr?


Je me doute bien que le sujet de l'heure est lié à un grand et éloquent homme noir et à son discours qu'il va nous faire aujourd'hui mais je vais tout de même vous parler d'un sujet secondaire qui devrait intéresser toute personne éprise de justice (et le grand homme noir tout particulièrement). En effet, le site Cyberpresse nous annonçait aujourd'hui que Maher Arar avait été dénoncé comme terroriste par Omar Khadr. Plus précisément, Omar Khadr aurait avoué avoir vu Maher Arar dans un camp d'entraînement d'Al-Qaida en sol afghan. Ma réaction immédiate: comment? Qu'est-ce que c'est que ça?

Comment une telle chose serait-elle possible? Maher Arar, un citoyen canadien, avait été déporté en Syrie par les autorités américaines, où il fut été torturé pendant un an avant d'être finalement relâché. Suite à cette grave bavure, une enquête eut finalement lieu et une cour canadienne innocenta non-seulement complètement Arar (de toute accusation d'activité terroriste) mais en plus, décida de verser plus de 10 millions de dollars au pauvre homme, afin d'excuser son pays d'adoption de ne pas l'avoir protégé. Maher Arar a donc été prouvé innocent mais alors comment Kadr aurait-il pu le voir dans ce camp de terroriste? Aurions-nous été dupe? Maher Arar serait-il, en fait, un terroriste auquel le Canada aurait versé une compensation d'excuse (situation plutôt embarassante si elle était trouvée vraie)?

Ma réponse (précisons que je ne suis pas dans les secrets des dieux du contre-terrorisme mondial) est un retentissant NON! Car non seulement le Canada a réussi à prouver l'innocence d'Arar mais même Condoleeza Rice a avoué que les États-Unis avaient fait fausse route à propos de lui (et précisons que Rice elle, contrairement à moi, est bel et bien dans les secrets des dieux du contre-terrorisme mondial).

Donc, Maher Arar, innocent ou non? En fait, la véritable question se devrait plutôt d'être: pourquoi? Pourquoi Omar Khadr aurait-il dit une pareille chose? Évidemment, il y a la possibilité (aussi réduite soit-elle) que l'information soit vraie. Cependant, la réponse la plus probable est a un tout autre niveau: la torture et la détention illégale.

Oui, la réponse qui me semble la plus réaliste est qu'Omar Khadr ne pensait nullement ses propos mais qu'après sept années d'emprisonnement à Guantanamo, après s'être fait voler l'ensemble de ses droits, après avoir été torturé, après avoir subi tout ce qui peut détruire un homme (et Khadr n'avait que 17 ans en entrant à Guantanamo), après avoir perdu tout espoir, il a été finalement prêt à répéter n'importe quel mensonge que ses geôliers et tortionnaires lui ont demandé de dire. Torturez n'importe quel individu et il finira par répéter toute parole que vous lui demanderez de balbutier...

Voilà l'horrible effet de la torture, voilà ce à quoi Soljenitsyne nous mettait en garde, voilà ce qui arrive quand on enlève tout droit et toute justice. Voilà le résultat de la destruction des valeurs démocratiques et sociales qui nous sont si chères: la création délibérée de mensonges, voilà quel en est le résultat. Des mensonges peut-être pratiques pour ses tortionnaires mais d'horribles mensonges tout de même. Comment pourrait-on avoir foi en de telles sources?

Et c'est exactement pour ça que Guantanamo doit disparaître. Que cet empire du mal, du non-droit et du mensonge prenne fin et les États-Unis puissent redevenir une terre d'espoir et de justice.

La décisions est maintenant entre tes mains, Obama...

2 commentaires:

Nanie-Nana a dit…

J'avoue que cette affirmation parait assez insensée...!

Mais... a-t-elle influencé quoi que ce soit?

Arthur a dit…

Je ne crois pas que cette affirmation ait influencé quoi que ce soit. Pour le moment... En effet, les tribunaux qui jugent actuellement les prisonniers de Guantanamo (dont Khadr), ont une pris une pause après l'élection d'Obama. Je crois qu'il attendent la direction futur que la hiérarchie présidentielle leur dictera sous-peu.

Par contre, les affirmations de Khadr pourraient avoir une influence sur le long-terme. Par exemple, cela pourrait empêcher le gouvernement américain de finalement s'excuser auprès de Maher Arar. Pire encore, cela pourrait vouloir dire que si Arar repasse par le territoire américain (ce qui ne risque pas d'arriver de si tôt), il pourrait être réemprisonné.

 
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