dimanche 25 janvier 2009

Hedda Gabler


Analphabète du théâtre que je suis, mon débarquement et initiation, au théâtre la Bordée, était un grand pas en avant pour ma personne. Malheureusement, le résultat ne fut pas à la hauteur de mes espérances. La faute en revient à Hedda Gabler ou peut-être devrais-je plutôt dire, à ceux qui l'ont mis en scène et non pas à Hedda Gabler ou Ibsen en tant que tel.

Non, vraiment je serais mal placé pour critiquer le travaille d'un grand dramaturge comme Ibsen, son style dans Hedda Gabler m'étant, de toute manière, plutôt sympathique (aussi révoltant que soit le sujet de la pièce). Pour vous informer à ce sujet, l'histoire est celle de Hedda, une norvégienne de la haute bourgeoisie, qui est plus que malheureuse au sein du moule restrictif et infantilisant que la société victorienne de son époque lui impose. Sa réaction face à son rôle de poupée humaine ainsi qu'à sa situation de nouvelle mariée, au passé émotif surchargé, entraînera tout son entourage dans un dangereux glissement vers l'irréparable.

Précisons que le problème n'est pas l'histoire, pas plus que le jeu des acteurs qui personnifiaient ces personnages tragiques. Le problème résidait, en fait, plutôt dans la direction et l'interprétation générale de cette pièce. Le noeud du problème venait de fait que l'on a essayé de québéciser cette pièce. Je m'explique: cette pièce fut présentée, bien que visuellement à la victorienne, de manière a pouvoir être comprise par un public québécois; les manières et le langage ne faisant que peu de cas de l'extrême rigidité (pour ne pas dire "frigidité") du double effet de la société victorienne mais aussi norvégienne. De plus, la mise en scène fut faite de telle manière à permettre au rire de trouver sa place, surtout entre des scènes ou le drame pouvait sembler beaucoup trop lourd. Cette manière de faire est typique de la présentation dramatique à la québécoise et est souvent efficace lorsque utilisée dans NOTRE contexte. Cependant, le drame à la scandinave n'est pas le drame à la québécoise; il est plus sombre, beaucoup plus sombre et souvent sans issue, ne cherchant jamais à rendre les choses plus vivables, bien au contraire (la transition humour-pleure à la québécoise y est donc mal adaptée).

D'accord, je comprend bien que vous pouvez vous demander "qui je suis" exactement pour me permettre de généraliser sur le drame à la scandinave. Je répondrai simplement à cela que lorsqu'on voit le travail de grands réalisateurs tels: Bergman, Von Trier, Hallstrom, Vinterberg, Dreyer, Bier, etc. on fini par se faire une idée claire sur leur style en général... Et permettez moi d'encore une fois préciser que ce style n'a pas grand chose avec celui émanant du Québec.

Donc, voilà pourquoi j'ai été déçu par cette pièce; parce qu'en essayant de la québéciser, le contenu même perdait son sens. On ne peut comprendre l'extrême horreur du scandale, en sortant de la mentalité victorienne et on ne peut resentir le drame d'Ibsen, en terminant sur un fou rire étranglé, à la québécoise...

2 commentaires:

Nanie-Nana a dit…

Ouais, c'est toujours risqué les "traductions" québécoises...

Je me rappelle toutefois de MacBeth au Trident qui était vraiment bien réussi. Si je ne me trompe pas, c'était interprété avec la traduction québécoise de Michel Garneau.

Comme quoi, si c'est bien fait, ce peut être excellent.

Arthur a dit…

Je suis d'accord mais je crois que si on veut traduire il faut aussi pleinement adapter le sujet, de manière à ce que les références culturelles puissent trouver leurs marques...

 
Site Meter