Samedi, en fin de soirée,
Manny Pacquiao domina un combat épique, l'emportant par
KO technique (arrêt de l'arbitre) au 12
ième assaut.
Manny semblait plus petit que
Miguel mais il a su nous prouver que la règle du poids ne s'applique pas à tous de la même manière. Il a absorbé les puissants et savants coups lancés par
Cotto, sans sourciller, ne fléchissant jamais devant son terrible adversaire. De plus, il a littéralement martyrisé
Cotto, obligeant le puissant Porto Ricain à reculer dès le 6
ième assaut et le détruisant littéralement au 9
ième round (duquel
Cotto ne sortit sur ses deux jambes que grâce à son impressionnante volonté). Que dire de plus? Un résultat comme un autre et on passe à autre chose? Non, c'est justement tout le contraire.
Si vous suivez un peu (même pas beaucoup) la boxe, vous saviez que samedi le 14 novembre était LA soirée à ne pas manquer en 2009. Le duel très attendu entre
Miguel Cotto et
Manny Pacquiao représentait une somme d'attraits très évidents; une confrontation internationale entre Porto
Rico et les
Philipinnes mais aussi un duel de style; puissance contre vitesse, ainsi qu'une confrontation de personnalité; la calme froideur du caractère de
Cotto contre l'exubérance enflammée de
Pacquiao. Deux excellent boxeurs: du talent à revendre, des qualités physiques
hors-paires, en somme, une bataille pour une place très sélect dans la très longue histoire de ce sport.
Oui, une victoire prenait un sens important (c'est peu dire) pour les deux pugilistes. Pour
Cotto, une victoire aurait été un parfait moyen de reléguer au passé tous les effets négatifs de son combat contre
Antonio Margarito (trop long à expliquer). De plus une victoire, contre un boxeur aussi accompli que
Manny Pacquiao, aurait assuré à
Cotto une place au sein du Panthéon de la boxe. Oui, une victoire aurait pu faire tout cela mais victorieux
Cotto n'en est pas ressortit.
Car la victoire à toute été pour le Philippin. Oui, pour
Pacquiao, battre
Cotto avait une importance exceptionnelle et multiple. Premièrement, gagner contre le Porto Ricain lui fait gagner une ceinture de champion du monde dans une
7ième catégorie différente (112, 122, 126, 130, 135, 140, 147lbs)! Du jamais vu dans l'histoire! De plus, pour
Pacquiao, cette victoire lui assure un scalp de qualité sur sa fiche (
Cotto étant loin d'être un parvenu) et lui permet d'atteindre un statu hors du commun. Avec cette victoire incroyable,
Pacquiao devient le boxeur de l'année (pour la troisième fois), garantit sa place comme meilleur boxeur de la décennie (2000-09), ainsi que membre du clan
supra-sélect qu'est celui des 25 meilleurs boxeurs de tous les temps! On peut maintenant, sans paraître ridicule, comparer
Pacquiao à des grands de l'histoire tel que:
Sugar Ray Robinson,
Muhammad Ali,
Sugar Ray Leonard,
Henri Armstrong,
Joe Louis,
Roberto Duran,
Willie Pep...
Évidemment, certains sourcilleront à ces deux dernières affirmations: est-il vraiment le boxeur de la décennie?
Peut-on vraiment le comparer aux grands de l'histoire? Ma réponse est oui et encore plus, certainement! Il n'y a plus aucun doute que
Pacquiao est le boxeur de la décennie; il a combattu les meilleurs, de façon constante et l'a fait sans controverse. Il a battu plusieurs boxeurs pouvant aspirer au Panthéon et l'a souvent fait dans des conditions qui le désavantageait (par exemple, en se battant dans la catégorie de poids de son adversaire). Son plus proche opposant,
Mayweather Jr., a très bien commencé la décennie mais s'est depuis assis sur ses lauriers. Depuis 2003, son opposition a été faible, souvent controversée (comme de forcer Marquez, à 37 ans, de monter de deux catégories de poids afin de l'affronter...). Évidemment, une "retraite" de deux ans n'aide pas le cas de
Mayweather.
Pour ce qui est de la place de
Pacquiao au sein des "plus grands" de tous les temps, la situation me semble aussi on ne peut plus claire.
Pacquiao a gagné des titres dans 7 catégories de poids (première dans l'histoire), été champion linéaire dans 4 catégories (autre première historique), a gagné un nombre incalculable de titres, a vaincu des adversaire aussi redoutables que
Ledwaba,
Larios, Barrera, Morales, Marquez,
DeLaHoya,
Hatton et
Cotto. Le fait qu'il les ait vaincus ne rend pas toute la réalité: il en a détruit la majorité. Prouvant d'autant plus sa domination! Ne pas parler de lui dans les 25 meilleurs boxeurs de tous les temps me semblerait donc être une grande erreur.
Que lui
reste-t-il devant lui? Deux ou trois combats tout au plus. Le premier nom qui nous vient en tête est celui de
Floyd Mayweather Jr.. Ce serait un
méga événement (certainement le plus profitable de tous les temps) et présenterait un duel de style exceptionnel; deux combattants au sommet de leur art, défensive élusive contre offensive foudroyante, on ne pourrait espérer mieux.
Évidemment, tout le monde sait que la négociation pour ce combat sera extrêmement compliqué et que
Mayweather a une certaine "aversion" au défi... L'argent en jeu pourra cependant faire pencher la balance et aider
Mayweather à retrouver son goût de la compétition (qu'il semble avoir égaré depuis 2003).
Si jamais un combat
Pacquiao-Mayweather s'avérait impossible à organiser, on peut imaginer le
PacMan se battre contre le gagnant du duel
Mosley-Berto, ce qui représenterait un certain défi. Autrement, on voit difficilement un quelconque opposant valoir la peine pour le petit Philippin.
Pacquiao ne continuera pas à boxer des adversaires de bas calibre (comparé au sien) juste pour faire de l'argent.
Tenez-vous le donc pour dit, le plus "grand" boxeur au monde se nomme
Pacquiao et tous ceux qui manqueront ses futurs combats n'auront plus qu'à se mordre les doigts d'avoir manqué l'occasion de voir l'histoire se dérouler sous leurs yeux.