Avec un Maire mou et sans vision, ainsi qu'une incapacité à accomplir de grands projets ou revitalisations d'ensemble, la métropole du Québec semble plus que jamais dans l'impasse.J'étais en train de réfléchir à ce sujet lorsque je suis tombé sur cet article de la Presse:
La déroute d'une métropole, écrit par un ancien conseiller en relation publique de la Mairie de Montréal, Félix-Antoine Joli-Coeur. C'est ce qui m'a donné le courage de publier ce constat: Montréal n'est plus l'ombre de ce qu'elle était et s'embourbe, semble-t-il, sans fin et cela depuis au moins trois décades.
Voilà, la bombe est lancée!
J'entends déjà les cris d'indignations: Qu'est-ce que ça veut dire? Montréal est loin d'être une ville morte! Encore la guéguerre Québec-Montréal, qu'est-ce qu'ils ont ces frustrés de québécois (ptit criss de village de région)? Ou encore (pour ceux qui sont un peu plus posés): Montréal est la deuxième métropole canadienne et peut-être le premier centre culturel du pays, comment pourrait-on dire qu'elle s'embourbe ou stagne depuis trois décades?
Précisons d'emblée que je ne veux nullement diminuer le potentiel de notre métropole et encore moins mettre à mal sa population (il vaut mieux faire attention, ils sont délicats ceux-là). Mon point est plus simple et beaucoup moins provocateur: Montréal est comme un jardin laissez à l'abandon; plein de potentiel et de plantes superbes mais manquant gravement de jardinier afin d'y donner une vision d'ensemble.
Je sais bien qu'en donnant un point de vue aussi général, il est certain qu'on me dira que j'exagère ou que je ne connais tout simplement pas Montréal. Très bien, peut-être que j'exagère et il est certain que je ne connais pas bien la ville du Mont Royal mais ça ne m'empêche pas d'analyser deux ou trois choses sur cette ville. D'autre part, si je manque des points importants, n'hésitez pas à me le dire, ça ne fera que rendre le tout plus intéressant!
Premièrement au niveau économique (je vous rassure, je n'irai pas trop en profondeur), la ville n'est tout simplement plus ce qu'elle était et depuis trente ans, ne fait que déléguer, pièce par pièce, tout son pouvoir économique à des villes plus dynamiques, telle Toronto mais aussi Vancouver, Calgary et Ottawa. La taille de l'économie de la ville fait du surplace, même chose pour le pouvoir d'achat de ses habitants, sa bourse n'est plus que l'ombre d'elle même et tous les sièges sociaux d'entreprises se déplacent vers Toronto (même la Banque de Montréal est devenue torontoise...). Autrement dit, les grosses entreprises n'émergent plus de Montréal (à l'exception de Bombardier), pas plus que les nouvelles idées entrepreneuriales ou nouveaux produits (l'industrie du jeu d'ordinateur c'est bien mais pas de quoi transformer la ville). Autrement dit, au niveau économique la ville est en train de tranquillement s'effacer et si elle continue dans la même direction, il est vraiment à se demander ce qu'il restera d'elle dans trois autres décennies.
Deuxièmement au niveau démographique: là aussi la ville a pris du retard par rapport à sa situation des années 60 ou même 70. En effet, au début des années 60, Montréal était toujours la métropole canadienne, ayant une population aussi importante que celle de Toronto mais aussi l'avantage d'avoir un ensemble hétérogène; formé par une longue histoire avec l'immigration et étant une des rares villes à être bilingue à son coeur même. Ce mélange bien particulier (nombre, diversité et bilinguisme, couplées à la jeunesse de sa population) donnait à Montréal une vitalité bien particulière. Il est toujours vrai qu'aujourd'hui la moitié du Québec réside dans la région de Montréal, ce qui est loin d'être négligeable. Malheureusement depuis une trentaine d'années, une bonne partie de l'élite anglophone a quitté la ville, disparaissant avec leurs connaissances et leur instinct entrepreneurial. Aussi, la population de l'île a tranquillement stagnée (bien que se rependant dans les couronnes sud et nord), n'arrivant pas à suivre la croissance des grandes villes nord-américaines. Finalement, toujours selon les standards nord-américains, la région de Montréal est devenue âgée, perdant du coup une partie de son dynamisme. On voit donc que là aussi, l'avenir de Montréal est plutôt morne.
Troisièmement au niveau de la culture et de la connaissance: c'est certainement le point fort de la ville, car après tout, une bonne partie de sa réputation actuelle tient avant tout compte de son dynamisme culturel. De plus, la ville possède plusieurs institutions universitaires, dont la très prestigieuse McGill. Cependant, même au sein de se terreaux fertile, tout ne va pas pour le mieux. Par exemple, s'il est vrai que Montréal est dynamique au niveau de la culture et que le reste du Canada semble bien plat en comparaison, il ne faut pas négliger les progrès que Toronto a fait en le domaine. Là où Montréal n'avait pas de compétiteur canadien il y a une ou deux décennies, Toronto la suit désormais de près et cela, à tout les niveaux (musées, orchestre, festivals, etc.). De plus, si la métropole québécoise reste un endroit où la connaissance a sa place, le décrochage scolaire met a mal les perspectives d'avenir de la ville et il ne faut pas non plus oublier les grands échecs de certaines de ses institutions universitaires. L'UM n'est pas particulièrement glorieuse (si on oublie le HEC) et l'UQAM semble prise dans un cycle destructif sans fin... Autrement dit, peut-on vraiment espérer que Montréal reste chef de peloton alors que la compétition devient de plus en plus féroce et que certains des atouts de la ville semblent paralysés? Qu'est-ce qui viendra changer la donne: le quartier des spectacles? Justement...
Quatrièmement, les finances et grands projets: Ce point est un des plus négatifs pour la ville car depuis quelques années, les finances de la ville sont dans le rouge et les grands projets souffrent d'une immobilité totale. Premièrement les finances: 7 milliards de dette, ce qui revient à un coût annualisé brut des intérêts de près de 850 millions de dollars (ou 21% du budget de la ville). On parle ici d'une charge, qui si elle n'est pas complètement écrasante, reste extrêmement gênante pour la ville. En effet, difficile de trouver de l'argent de surplus, afin de penser aux nouveaux projets de développement de la ville, lorsqu'une bonne partie de ses revenus est immobilisée par le paiement des intérêts de la dette.
Deuxièmement et c'est évidemment le sujet de l'heure, la ville ne réussit plus à réaliser ses grands projets et semble décidément corrompue et sans imagination. Soyons honnête: quel est le dernier grand projet entreprit et réussi par la ville de Montréal? L'expo 67? D'accord, j'exagère et n'ai pas vraiment fait de recension sur le sujet mais le portrait, même gribouillé, reste accablant. Le maudit super hôpital ne semble jamais vouloir voir le jour, l'extension du métro vers Laval a coûté le double ou le triple de ce qui était prévu (rendu à ce point là, je ne compte plus), le
SHDM est un vol à ciel ouvert, l'affaire des compteurs d'eau ne fait qu'empirer de jour en jour (jetez un coup d'oeil sur au moins un des ces trois articles:
Boisvert,
Ouimet et
Noël), la construction d'autoroute ou même seulement de bretelle d'autoroute est devenu un projet pharaonique, certains envisages que le quartier des spectacles va se transformer en éléphant blanc (oui, ça nous ferait tout un spectacle!) et soyons honnête, la piètre gestion des jeux olympiques de 76 fait encore mal à la ville (et à la province) 30 ans après... À ce niveau là, on comprend facilement que Montréal a un gros problème (quel qu'en soit la raison) et qu'elle devra être très imaginative pour trouver un moyen de contourner cette grande incapacité.
Cinquièmement au niveau de la gouvernance: Le dernier point que je veux toucher et qui est, d'après moi, le plus grand problème de la ville, est son échec TOTAL au niveau de la
gouvernance. Oui, cette ville semble ni plus, ni moins qu'abandonnée à elle même; personne ne sachant ce qui s'y passe, aucune
institution cohérente n'étant en place afin de contrôler la situation. C'est donc une crise à deux niveaux, d'un côté l'échec total du leadership de la ville et de l'autre la situation lamentable créée par les fusions-défusions. Sérieusement, quelqu'un peut-il me dire qui a été le dernier grand maire de Montréal? L'actuel
Tremblay est une montagne d'incompétence, Bourque n'était guère mieux, Doré n'avait aucune vision et le "roi" Drapeau est rapidement sombré dans une catatonie navrante après un départ canon. Autrement dit, cela fait près de 40 ans (et je ne remonte pas plus loin) que la ville est dirigée par une classe politique défaillante. Je veux bien croire qu'une hirondelle ne fait pas le printemps et qu'un maire ne fait pas tout dans une ville mais tout de même... Pire encore, quel est l'avenir de la direction de la ville: encore une fois Tremblay ou est-ce qu'une petite dose de Labonté prendra la place? Finalement, la situation administrative chaotique de la ville, avec tout ses maires d'arrondissement et ses structures se superposants, ne présage rien de bon pour l'avenir de Montréal.
Ouin, ouin, ouin... Hum, hummm... Pas rose tout ça... Évidemment, on en arrive à la fin de ces différents points et on ne peut qu'avoir deux conclusions qui nous viennent à l'esprit: premièrement qu'il est indubitable que Montréal a perdu des plumes, ce qui est une mauvais nouvelle pour n'importe quel québécois. Cependant, on peut aussi en arriver à la conclusion que je suis vraiment trop pessimiste dans mon analyse; à trop vouloir comparer, je passe à côté de plusieurs transformations positives et impressionnantes que la métropole a pu générer lors des dernières années. À cela je répondrai que c'est peut-être vrai (en fait, c'est sûrement vrai) mais le but de cet article est de conscientiser à propos de ces problèmes et non pas de congratuler dans l'inaction. Peu importe l'évaluation du degré des problèmes auxquels la ville fait face, tout le monde s'entendra sur le fait que tout ne roule pas pour le mieux sur la butte du Mont Royal!
Car si la ville possède de grandes forces et malgré tout ce que j'ai pu dire auparavant, elle en a, il est tout de même certain qu'elle a un grave problème d'organisation et de gouvernance. C'est en effet ce point que je trouve le plus dangereux pour l'avenir de la métropole. C'est un fait, l'accumulation anarchique; bureaucratique et politique, montréalaise est un désastre. Et si l'économie et la vie culturelle peuvent continuer à se développer, malgré cela, bon an, mal an, ça devient vraiment problématique quand les institutions politiques non-seulement n'aident pas le développement mais en plus y nuisent.
Ce qui me mène à me demander: même s'il y avait un renouveau phénoménale de créativité dans tous les domaines, comment un tel bouillonnement pourrait-il être entretenu et ne pas être gâché sans une direction logique et efficace à la tête de la ville? Voilà donc pourquoi il est essentiel que les montréalais réforment ces systèmes malsains et exigent un monde politique plus conséquent. Si de telles choses peuvent être faites aujourd'hui, on peut espérer que dans trente ou quarante ans, ce ne sera pas Montréal qui aura à faire face au constat de ses échecs.
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